
Tout récemment, on m’a demandé d’effectuer une tâche pour laquelle j’ai, en général, besoin d’un temps d’anticipation, de réflexion, de préparation. Histoire que tout soit fait « pico bello », que cela rentre dans le cadre et surtout, que cela convienne.
Ce temps de maturation me prend une énergie folle : je tourne et retourne les différents éléments dans ma machine à laver intérieure (c’est-à-dire que j’encombre mes pensées, mon sommeil et suivant comment, mon estomac !), je tente, retente, corrige, améliore, peaufine, parfois je recommence et à la fin de tout ce processus, je suis rarement satisfaite de ce que j’ai produit. Cela aurait mérité un peu plus de ceci, un peu moins de cela et, pour être tout-à-fait honnête en allant au bout de ma pensée, probablement que quelqu’un d’autre l’aurait fait bien mieux que moi.
Je vous laisse donc imaginer ce que le fait de devoir faire un demi-cycle rapide produit sur mon système nerveux…mes pensées fusent dans tous les sens, je me fais littéralement 25 films aux scénarii des plus fantasques et bien évidemment, aucun d’entre eux ne se termine bien ! Je reste pétrifiée, tel le chat devant les phares d’un véhicule et je ne suis (crois-je) plus bonne à rien.
Mais ce jour-là, le jour de la demande, j’ai entendu une petite voix me poser la question suivante : « C’est quoi l’urgence… ? ». Outre la formulation un peu brute, ce que cette question m’a permis de visualiser, ce sont ses deux facettes : Qu’est-ce que l’urgence, dans l’absolu et quelle est l’urgence au moment précis où la machine s’emballe ?
Dans le premier cas, c’est assez clair : une situation d’urgence absolue se définit, à mon sens, par un danger imminent auquel il faut réagir. Une action rapide et précise est en principe nécessaire, qu’il s’agisse de porter secours à quelqu’un ou de sauver sa propre peau. Ensuite, on pourrait débattre sur le degré d’urgence d’une situation ; cependant, à l’heure à laquelle je vous écris ces quelques lignes, je ne me trouve pas encore en mesure de hiérarchiser le niveau d’urgence dans mes activités en général. Donc, tout ce qui doit être fait « bientôt » doit, dans mon ressenti et ma lecture du monde, être fait pour avant-hier. J’y travaille…
Contre toute attente et à ma grande surprise, la deuxième piste m’a, quant à elle, permis de désamorcer en quelques secondes mon moteur interne. Pas de respirations profondes (même si cela peut être très utile parfois), pas de décompte de 10 à 1 dans une langue étrangère, juste une analyse des tenants et aboutissants : de un, on m’avait proposé (et non pas demandé) d’effectuer cette tâche ; de deux, j’avais le choix d’accepter ou non de la faire : de trois, il y avait d’autres pistes pour que la tâche soit effectuée autrement ou par quelqu’un d’autre.
Y avait-il donc réelle urgence ou était-ce uniquement mon sentiment d’urgence qui s’était exprimé à ce moment-là ? C’est une question rhétorique bien entendu, mais qui me semble indispensable dans des situations de coaching et d’accompagnement en général.
« C’est quoi l’urgence ? », à commencer par celle du coaché, lorsqu’il l’exprime, s’il l’exprime. Puis, ensuite, la mienne en tant que coach, celle qui peut me pousser à me précipiter ou à précipiter le coaché dans quelque chose qui ne serait pas ce dont il aurait besoin. Celle de la situation également, du contexte. Doit-on partir dans la réaction, dans la réflexion ou dans l’action ?
Pour en revenir à cette tâche que j’évoquais au départ, il s’agissait d’un exercice d’écriture, quelque chose que j’adore faire et qui en réalité, m’a pris bien moins de temps qu’imaginé une fois lancée. J’y ai même trouvé du plaisir, un plaisir qui a eu l’espace de se déployer et tout a poussé comme une fleur aux couleurs et au parfum joyeux, comme un petit air de printemps qui passerait nous prendre.
Cette fleur, la voilà offerte à votre lecture, avec mes remerciements !
Abé Godonou