
Avez-vous déjà entendu parler de la langue des oiseaux ? Une manière de jouer des sons, des sens et des lettres des mots pour y déceler des messages cachés. La magie devient ainsi l’âme agit, sacrée – ça crée, et l’esprit se cache dans nos tripes sous forme d’anagramme (les mêmes lettres dans un autre ordre). Il semblerait que les alchimistes aient été de grands utilisateurs de la langue des oiseaux pour coder leurs travaux et leurs découvertes (voir https://martouf.ch/2018/12/decodage-de-la-langue-des-oiseaux/).
En langue des oiseaux, soigner / soi nié et guérir / gai rire n’ont pas du tout la même signification. J’aime m’y référer pour différencier deux postures face aux maladies (mal a dit) et aux difficultés et défis de la vie :
- Soigner / soi nié correspond à traiter en priorité les symptômes sans s’intéresser aux causes plus profondes et peut-être plus symboliques des maux et épreuves. Par exemple, donner des anxiolytiques à quelqu’un qui a peur sans chercher à comprendre d’où vient sa peur et ce qu’elle cherche à dire – ce qui est une manière de nier son soi.
- Guérir / gai rire représente l’attitude d’accueillir les difficultés comme des leçons de vie qui nous sont proposées sur notre chemin d’apprentis sages. Elle implique une ouverture à changer de regard, à chercher les sens cachés derrière les apparences et à sortir du rôle de victime pour se reconnecter à sa capacité d’agir et de faire des choix. L’humour en est pour moi un ingrédient essentiel.
Le coaching est un terrain propice à l’exercice de cette posture du gai rire : faire émerger les ressources, permettre l’introspection, favoriser l’autonomie. Il existe pourtant des situations où la posture de soigner est plus adéquate : lorsqu’une personne est au fond du bac, en plein burnout ou vient de subir un traumatisme, la pousser à tout prix dans une posture d’autonomie et de responsabilité peut être contreproductif voire dangereux. Dans de tels contextes, traiter les symptômes devient prioritaire. Un coach doit savoir reconnaître ses limites et laisser la place à d’autres professionnels formés à ce type de posture.
Pour pouvoir évoluer et prendre ses responsabilités, il faut avant tout se sentir en sécurité. Soigner en traitant les symptômes d’angoisse, de désespoir ou simplement de douleur est la première étape vers un plus grand confort… d’où la posture de guérir sera en mesure d’émerger. Comme pour la position haute et la position basse de l’approche systémique, l’important me semble avant tout de pouvoir identifier quelle posture est plus adéquate à quel moment, plutôt que d’en idéaliser une et d’en rester prisonnier.
Je vous souhaite à toutes et tous un bel été à jongler entre le gai rire et le soi nié !
Myriam Küng